L'aide : l'entourage

Après être passés à l'hôtel Lutétia, la plupart des survivants ont eu la chance de retrouver de la famille, ou des proches. Ils vont désormais repartir vivre avec eux pendant un certains temps, déterminé par l'individu. Ces proches vont donc devoir être très attentifs, mais savoir aussi respecter les choix du rescapé, comme le silence, ou justement la parole, mais aussi l'énorme changement de comportement la plupart du temps.

 

 

 

 

♦ Dans "La maison de Nina" et dans Berg et Beck, les animateurs de cette colonie essayent de comprendre les enfants, au moins les écouter, de les rassurer et d'avoir des gestes de tendresse envers eux, pour leur rappeler l'amour de leurs parents et qu'ils ne sont pas seuls, qu’ils seront toujours là pour eux à n’importe quel moment. Ils font des efforts pour les aider. «  C’est dire s’ils étaient difficiles puisque quelque chose en eux c’était définitivement brisé ». Dans le second livre, un des petits refuse de manger de la nourriture chaude, alors une des monitrices l’installe sur ses genoux, prend une cuillère de soupe, souffle dessus et goûte. L’enfant se met aussitôt à manger car il a reconnu un geste familier : celui que sa mère faisait quand il refusait la nourriture. Ils essayent de faire rire les enfants :  les moniteurs ont servi le repas sur des patins à roulettes.

 

 

  

♦ Cependant les proches ont beau écouter ces victimes des camps, très perturbées, ils ne peuvent pas comprendre. C’est ce qui est montré au cours du livre de Soazig Aaron,  Le non de Klara , où la belle-sœur de Klara, Angelika tente de retrouver la complicité d’avant, essaie de comprendre ce qu'a pu vivre Klara et comment elle vit son retour, mais n'y arrive pas. « Si on ne croit pas les victimes, tout est permis aux bourreaux ».  Klara justifie cela par « ce n’est pas grave, il faut l’avoir vécu ». Angelika nous montre son effarement, les douleurs qu’elle rencontre et sa stupéfaction vis-à-vis de ce que sa belle-sœur a dû endurer. « Ceux qui sont revenus sauront à jamais ce que sont les extrêmes ». Mais dès son arrivée, Klara ne souhaite plus revoir sa petite fille de 4 ans « A l'intérieur je ne suis que mort, j’ai un goût de mort, je pue la mort, pour longtemps encore, peut-être pour toujours. Les enfants le sentent. Je ne veux pas qu'elle renifle cette odeur qu'elle n'a pas encore eue dans le nez. » . Elle doit penser qu’elle n’a pas le niveau pour l’éduquer, puisqu'elle se sent elle-même fragile, et ne veut pas influencer son enfant. Cependant, Angelika et Alban sont épuisés du changement de comportement de Klara, de son pessimisme, et même si cela est normal, il n'en peuvent plus de devoir constamment s'occuper d'elle. Nous pouvons même voir Angelika prier pour que Klara s'en aille.  

 

♦ Sam Braun nous explique son désir inexplicable de retourner à Auschwitz-Birkenau en 1995, où des membres de sa famille sont morts gazés. « Moi, comme tous les enfants de victimes d'Auschwitz, il ne me reste rien : ni linceul ni tombe». Il se fait accompagner par des proches pour faire ce travail de deuil. Pour lui, c'est comme un pélérinage. Son entourage a été là pour le réconforter, puisque les émotions ont été très intenses ; il a fini en pleurs.

 

♦ Les survivants ont donc besoin de beaucoup d'amour pour continuer leur travail de reconstitution. Dans le film " Un monde presque paisible ", Maurice, un jeune homme rescapé, voit régulièrement une prostituée. Il cherche de l'amour, mais ne peut pas construire une vie à nouveau : il est lui-même démoli de l'intérieur.

 

 

 

 

♦ Aussi, dans La maison de Nina, les animateurs se soutiennent entre eux. Marlène est une animatrice qui, pendant le film, apprend la mort de son père. C'est là que les quatre autres animateurs lui parlent, la réconfortent, comme ils le font avec les enfants. Mais parfois, pour oublier tous les soucis, ils s'alcoolisent avec de "L'eau de feu très bon pour juifs très tristes".

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