Les traumatismes psychiques chez les survivants

Chez les survivants, les réactions peuvent être extrêmement variées selon les personnalités et les caractères.

Les psychologues n'étaient pas encore intégrés dans les moeurs de l'époque et, comme en témoigne Sam Braun dans son livre, ils auraient pu être efficaces dans le processus de retour des déportés, pour parler et se confier à un professionnel.

 

 

Durant l'expérience concentrationnaire,  la violence est présente au quotidien et la proximité avec la mort est  très proche des déportés. Ces derniers ont pu accumulé beaucoup de haine qui s'est transformée en colère contre les hommes.

Charlotte Delbo a de la haine envers les hommes, dans son poème "Prière aux vivants", elle leur reproche d'être vivants et souligne l'injustice entre le sort des déportés et ceux qui ont continués à vivre leur vie paisible.

 

Son poème inspire un sentiment de rancoeur mis en valeur par la répétition de l'expression "comment vous pardonner d'être vivants".

 

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Angélika explique dans Le NON de Klara que l'attitude varie selon les déportés et qu'elle peut se manifester par la colère, lorsqu'un déporté est face à la frustration. Elle dit "Il y a des gens qui n'ont pas grand choix d'expressions, ou qui ne veulent pas ou qui les ont perdu et lui ça a été la colère".

 

  Dans l'oeuvre de Robert Bober Berg et Beck, c'est très différent ; le jeune Marcel est le seul survivant de la colonie, il a survécu grâce à un officier allemand qui l'a remarqué par son physique agréable et l'a ensuite pris sous sa protection. Marcel à une attitude extrêmement violente qui peut s'expliquer par son histoire: il est cruel envers les juifs comme l'était l'officier allemand, il a appris à leur donner des ordres et à se croire supérieur 

 

   

Souvent, on a pu observer des changements de comportement et de caractère.

Tel est le cas de Klara qui est devenu insensible, indifférente et perverse, c'est sans scrupule qu'elle rit lorsqu'elle explique à ses proches la façon dont elle a tué des personnes dans le camps. De plus, elle est devenu brutale, elle n'a plus aucune marque de politesse, elle se montre très cynique et a beaucoup de rancoeur envers les Allemands. Dès que quelqu'un la contredit, elle se met en colère très rapidement et devient arrogante et nerveuse. Pour finir, il s'agit d'une personne pessimiste, elle affirme être morte dans le camp « vous oubliez que je suis morte à Brzezinka ».

 

   

Contrairement aux déportés qui ont des comportements violents à leur retour, certains comme Sam Braun ont des attitudes littéralement opposées. En effet, Sam Braun est toujours resté un homme pacifique, même après avoir été témoin d'horreurs inimaginables. Il nous explique qu'il n'a jamais été violent à travers cette phrase "même sous l'emprise de l'alcool, je n'ai jamais été agressif. Du moins envers les autres".

Par ailleurs, face à la violence, il fuit et ne supporte pas de voir des actes violents ; lorsqu'il voit un Polonais battre un Allemand, il nous dit "Je suis parti aussi vite que mes jambes pouvaient me le permettre[...] je n'ai pas pu regarder cette violence. J'avais la douloureuse impression que tout recommençait."

 Mais Sam explique aussi que le retour d'un déporté est toujours accompagné d'une grande phase de dépression appelé "Syndrome du survivant" avec un sentiment de culpabilité intense et une tendance a l'isolement. On peut remarquer ce même phénomène dans "La maison de Nina", les jeunes survivants font bande à part et ne s'intègrent pas parmi les autres enfants juifs.

 

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De plus, Dans Le NON de Klara, l'auteur se sent coupable d'être sortie vivante des camps et dit "Depuis que je suis sortie de là-bas, je sais que c'est une faute" et elle ajoute même "Je trouverais normal d'y retourner". Par ce fait, elle préfère se considérer comme morte.

Parfois, cette dépression a pour conséquence l'alcoolisme qui aide à oublier et évacuer le malaise qui habite les survivants en permanence. Tel est le cas de Sam Braun qui, à son retour, plonge dans l'alcool afin d'oublier les souvenirs des camps.

 

 

Les survivants font énormément de cauchemars, Sam Braun comme Klara nous expliquent qu'ils faisaient des cauchemars sans arrêt. Klara nous raconte qu'elle n'en faisait jamais au camp, alors qu'à son retour, elle n'a cessé d'en faire "J'habite toutes les nuits au coeur du cauchemar".

 

 

 

 

Parfois, les revenants peuvent avoir de nombreux bloquages psychologiques.

Par exemple, beaucoup de déportés ne veulent plus entendre parler allemand, tel est le cas des jeunes déportés de "La maison de Nina" ou de Klara. En effet, elle ne supporte pas quand sa belle- soeur dit "Birkenau" car elle préfère dire "Brzezinka", qui est le nom polonais pour désigné le camp. 

 

 

Dans le film, Charles est un personnage marqué par de nombreuses souffrances psychologiques, il a très mal vécu sa libération, alors qu'il a perdu sa femme et ses filles. A son retour, il s'installe en face de l'appartement où il habitait avant la guerre avec sa famille, dans le but de les voir un jour revenir. C'est ainsi qu'on le voit à un moment du film, à sa fenêtre. Il ne souhaite plus entendre parler de mariage, même si Andrée a des sentiments pour lui. Il lui dit qu'il n'aimera qu'une femme jusqu'à la fin de ses jours. Charles est un homme très silencieux.

Il croit que les personnes on pitié de lui "on n'a pas tous les droits parce qu'on a souffert".

 

 

Les changements de comportement ont pu causé des incompréhensions chez les proches. Les proches ne savent pas comment réagir face à ces personnes qu'ils ne reconnaissent plus. De nombreux couples sont en désentente : par exemple, bien que Léa et son mari aient échappé à la déportation en se cachant, ils ne se comprennent plus. Ils n'ont pas traversé la libération de la même façon : Léa essaye de se reconstruire à travers la chorale alors que son mari Albert n'y arrive pas, il dit qu'il ne peut pas car il est resté comme figé sur le passé. Elle lui dit "On ne peut pas vivre toute sa vie avec mélancolie". C'est alors qu'une incompréhension se crée entre le couple et Léa veut trouver un nouveau mari.

 

 

Plus le temps passe, plus on remarque, dans chaque oeuvre, la dissipation des traumatismes psychologiques qui s'atténuent avec le temps. Dans les films, plus le temps passe, plus les personnages se libèrent de leur douleurs. Charles dans "Un monde presque paisible", s'ouvre de plus en plus au monde et la dernière scène du film est spécialement joyeuse, se qui accentue l'idée de la paix et de la joie de vivre retrouvée.

 

 

 

 

 

 

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